La Croatie, membre de l’Union Européenne à la différence de la Bosnie et de la Serbie, applique une politique migratoire particulièrement hostile : les unités croates patrouillant à la frontière ont recours sans vergogne au pushback, pratique illégale qui consiste à repousser les personnes en exil de l’autre côté de la frontière (en Serbie ou en Bosnie donc), et usent d’une violence cruelle envers les réfugiés et les migrants. Très difficile à franchir, cette frontière agit comme un entonnoir : sans cesse repoussés, volés et violentés, les exilé.es se retrouvent coincés en Bosnie ou en Serbie dans une région où la société civile et les institutions sont faibles voire inexistantes. Bien que rapportées aux in- stitutions européennes, ces pratiques se poursuivent sans susciter d’émoi et ont des conséquences humaines terribles, si bien que cette région est une des étapes les plus difficiles du continent européen pour les personnes en exil. Pour atteindre l’Europe de l’Ouest depuis les Balkans, beaucoup de réfugiés et de migrants se trouvant en Bosnie ou en Serbie doivent traverser successivement la Croatie puis la Slovénie, cachés dans les forêts pour ne pas risquer de subir un pushback. En effet, les pushbacks en chaîne sont courants : appréhendés par des forces slovènes (parfois même italiennes), ils sont refoulés en Croatie d’où ils seront inévitablement repoussés à nouveau en Serbie ou en Bosnie, leur lieu de départ. Pour éviter cela, c’est une marche en totale autonomie d’une dizaine de jours (ils partent avec vivres et eau) que ces personnes doivent entreprendre.