L’Afrique de l’Est connaît une sécheresse d’une ampleur historique, en grande partie imputable au réchauffement climatique. L’insécurité alimentaire et l’appauvrissement des ressources en eau qui en découlent se transforment rapidement en une crise humanitaire de grande ampleur. La situation précaire dans le comté d’Isiolo, au nord du Kenya, illustre l’injustice du changement climatique qui s’abat avant tout sur les pays et les communautés les plus vulnérables et les moins responsables du phénomène. Si le changement climatique se manifeste avant tout par des dégâts matériels et humains tangibles, des conséquences plus indirectes et sournoises violentent et divisent les sociétés humaines. Dans le comté d’Isiolo, le changement climatique est synonyme de violences inter-ethniques et de violences basées sur le genre exacerbées. Les ethnies Turkana, Samburu et Borana qui coexistaient paisiblement prennent désormais les armes tandis que les femmes et les enfants sont les plus impactés, entre mariages précoces et forcés, mutilation génitale féminine, violences sexuelles accrues, arrêt de scolarité et malnutrition.