L’hypothèse Gaïa avance l’idée que la Terre peut être considérée comme un seul et unique système dynamique composé de multiples sous-systèmes intriqués et interdépendants. Cette théorie, qui s’oppose donc au dualisme classique humain-nature et qui pose les fondements de l’écologie profonde, est fertile en ce qu’elle est porteuse d’une révolution nécessaire de notre rapport avec le non-humain. C’est au nom de cette pensée que sont parfois justifiées certaines actions directes : les militants eux-mêmes sont “la nature qui se défend”.
Face à l’inertie des institutions et à l’incurie des politiques, de plus en plus nombreux sont les citoyens qui s’engagent dans la lutte. En Europe, l’activisme environnemental “se radicalise” en ce qu’il commence à recourir à des modalités d’action impactantes qui sortent du cadre de la marche ou de l’action symbolique. Il se pourrait bien que nous assistions aujourd’hui à un tournant, celui où les frictions tant redoutées mais prévisibles de la transition écologique et environnementale deviennent manifestes, celles qui émergent de la confrontation des visions divergentes des États et d’une société civile lucide qui refuse la feuille de route imposée.
Le projet dans sa globalité est encore en cours et portera sur ces dites frictions et l’étude conjointe des militants et de leurs modalités d’action. Issues d’une exposition rétrospective sur la cinquième saison d’action des Soulèvements de la Terre, les photographies présentées ici sont regroupées par chapitre, chacun correspondant à une mobilisation.